Les procureurs de la Cour pénale internationale enquêtent sur des cyberattaques russes présumées contre des infrastructures civiles ukrainiennes, considérées comme de possibles crimes de guerre.
C’est la première confirmation que des attaques dans le cyberespace font l’objet d’une enquête de la part de procureurs internationaux, qui pourraient conduire à des mandats d’arrêt si suffisamment de preuves sont rassemblées.
L’enquête examine les attaques contre les infrastructures qui ont mis des vies en danger en perturbant l’approvisionnement en électricité et en eau, en coupant les connexions avec les services d’urgence ou en détruisant les services de données mobiles qui transmettent les alertes de raid aérien, a déclaré un responsable.
Les procureurs de la CPI travaillent aux côtés des équipes ukrainiennes pour enquêter sur les « cyberattaques commises depuis le début de l’invasion à grande échelle » en février 2022, a déclaré le responsable, qui a requis l’anonymat car l’enquête n’est pas terminée.
Deux autres sources proches du parquet de la CPI ont confirmé enquêter sur des cyberattaques en Ukraine et ont indiqué qu’elles pourraient remonter jusqu’à 2015, l’année après la saisie par la Russie et l’annexion unilatérale de la péninsule de Crimée à l’Ukraine.
Moscou a précédemment nié avoir mené des cyberattaques, et les responsables ont qualifié ces accusations de tentatives d’inciter à un sentiment anti-russe.
L’Ukraine rassemble des preuves pour étayer l’enquête du procureur de la CPI.
Une source haut placée a déclaré qu’un groupe de pirates informatiques russes dans la ligne de mire de la CPI est connu dans les cercles de recherche en cybersécurité sous le nom de « Sandworm » et est considéré par les responsables ukrainiens et les cyberexperts comme étant lié aux renseignements militaires russes.
Sandworm est soupçonné d’une série d’attaques très médiatisées, notamment une attaque réussie en 2015 contre un réseau électrique dans l’ouest de l’Ukraine – l’une des premières du genre, selon des chercheurs en cybersécurité.
Les cyberattaques ciblant les systèmes de contrôle industriel, la technologie qui sous-tend une grande partie de l’infrastructure industrielle mondiale, sont rares, mais la Russie fait partie d’un petit club de pays qui possèdent les moyens de le faire, ont affirmé les chercheurs en cybersécurité.
Lire aussi : Le public mondial se méfie des salles de rédaction basées sur l’IA, selon un rapport
