Pour lutter contre la cybercriminalité, un des fléaux les plus récurrents, issus de la démocratisation de l’accès à internet, le Kenya n’a pas lésiné sur les dispositions légales à mettre en œuvre. A cet effet, elle a promulguée mercredi dernier, une loi sur la cybercriminalité. Cette loi a été adoptée par la majorité des membres du parlement, puis signée par le président kenyan Uhuru Kenyatta.
Ayant pour finalité la réglementation de l’usage de l’internet et des réseaux sociaux à l’échelle nationale, la loi kényane sanctionnera les auteurs de mauvaises pratiques telles que : le piratage informatique, les fraudes sur internet, la falsification de données, la publication de fake news, le cyber-espionnage, les cyber-harcèlements ou intimidations, la pédopornographie, la publication de contenus pornographiques, etc….
Elle prévoit pour toute personne accusée et condamnée pour avoir diffusé de fausses nouvelles, tenu des propos incitatifs à la violence, une amende de 5 millions de shillings ou une peine d’emprisonnement de 2 ans. La double sanction pourra être appliquée selon la nature du délit.
Cette loi a fait l’objet de contestations de la part des organismes de défense des droits de l’homme et de la presse qui la trouvent contraignante en ce sens, qu’elle constitue une entrave à la liberté de la presse.
Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), se serait opposé à la signature d’une telle loi qui selon lui, est une occasion pour le gouvernement de rabattre le caquet aux médias qui l’importunent.
« Les législateurs kényans ont adopté une vaste loi qui rendra punissable la liberté d’expression. Les journalistes et blogueurs en seront probablement les premières victimes, si elle est promulguée », a indiqué, Angela Quintal, la coordinatrice Afrique de la CPJ, une organisation basée aux Etats–Unis.
Il faut noter que la récente crise politique du Kenya a laissé comme héritage, un quotidien de plus en plus difficile aux hommes de médias. Ces derniers font désormais face à des licenciements abusifs et leurs organes sont tenus responsables, voire suspendus en cas de fuite ou de diffusion d’informations soupçonnées diffamatoires, portant atteinte à l’autorité étatique ou troublant l’ordre public.
Dans cette même veine, Human Rights Watch déclarait ce qui suit: « Même si les tensions politiques ont baissé, la capacité des journalistes à informer et commenter librement continue à être remise en cause par les agents de l’État »
Au Kenya comme dans d’autres pays d’Afrique de l’est, des dispositions légales visant à réglementer le secteur du numérique, sont en proie à de multiples agitations émanant des activistes et défenseurs des droits de l’homme.
Landry M.