Sam Kodo est un geek, un féru des nouvelles technologies en général et de la robotique en particulier. C’est à l’âge de 8 ans qu’il a commencé à bricoler ses premières machines. Du robot enseignant virtuel à l’ordinateur et tablette solaire, il a à son actif un certain nombre d’innovations qui lui ont valu des prix dans plusieurs pays.
Quelques semaines après avoir entamé son projet de drone agricole, la Rédaction de Tech en Afrique a voulu savoir plus sur les moyens d’actions de ce jeune. Il dévoile dans un entretien, ses difficultés, comment il les surmonte, sa vision et éventuellement comment il compte contribuer à un continent bouillonnant en matière de robotique. Interview.
Bonjour Sam, Parlez-nous brièvement de vous ?
Bonjour Tech en Afrique,
Je suis Sam Kodo, inventeur et entrepreneur togolais. J’ai crée en 2013 une entreprise spécialisée dans la conception des Tablettes et ordinateurs alimentés en énergie solaire pour améliorer l’éducation dans ma communauté. Cette innovation m’a permis de remporter plusieurs prix nationaux et internationaux.
Depuis quelques années, on vous a vu sur de différents projets. Pouvez-vous nous en parler ?
En Afrique il existe de nombreux défis et challenges qui selon moi ne peuvent être relevés que par les innovations et la technologie. En tant qu’Africain, il est de mon devoir de les résoudre ou du moins inspirer d’autres innovateurs africains à les résoudre.
Tout a commencé à 8 ans par les robots que j’ai fabriqués avec les déchets électroniques et après ce fut le tour des ordinateurs alimentés en énergie solaire. Par après, ce fut des machines pour filtrer l’eau puis les robots éducatifs. Aujourd’hui ce sont les drones agricoles et je réserve encore pleins de nombreuses surprises.
Le but est de bâtir une sorte d’Empire de technologie en Afrique pour faire de l’Afrique le leader mondial dans ces domaines comme le Japon ou l’Amérique.
Comment est-ce que vous vous organisez pour réaliser ces projets ?
Tout naît d’abord du constat d’un problème ou d’une situation, ensuite la créativité se met automatiquement en action. J’adore acquérir de nouvelles connaissances et faire des recherches sur internet. Je crois que ce sont ces valeurs qui me permettent d’arriver à avoir de nouvelles idées.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
La plus grande des difficultés que j’ai rencontrée en tant qu’innovateur est d’abord d’ordre moral. Il arrive parfois de rencontrer certaines personnes qui ne partagent pas forcément votre vision et qui peuvent vous démoraliser avec certains propos négatifs ou dévalorisants, ce qui pourrait avoir pour conséquence de vous dévier de vos rêves. En évoluant, j’ai appris à éviter au maximum cette catégorie de personnes.
Enfin, une autre difficulté peut être d’ordre matériel ou financier. Je me rappelle comment à mes débuts, je cotisais mon argent de petit déjeuner pour acheter les jouets lors des foires dans le seul but de récupérer les moteurs électriques et pour payer des composants électriques. C’était tout ce qu’il me fallait pour fabriquer mes robots.
Pour financer les projets, le manque de moyens financiers est souvent relevé par les acteurs. Qu’en est-il à votre niveau?
Pour réaliser un projet, il faut tout d’abord croire en son projet et être flexible aux suggestions et inflexible aux critiques ‘négatives’. Ensuite, il faut prendre le temps de bien étudier son marché avant de passer à l’action. Sans aucune action votre projet n’est qu’un rêve, une illusion. Seule l’action permettra à votre projet de voir le jour. Aujourd’hui grâce aux nombreux prix et compétitions remportés dans divers pays, j’arrive à financer mes propres projets.
Un commentaire sur l’écosystème tech du Togo/ de l’Afrique ?
Aujourd’hui nous sommes en train de connaître ce que j’appellerai « le siècle des lumières en Afrique » ou de grandes idées et innovations naissent et transforment le continent.
Il faut aussi savoir que chaque ère a une période limitée dans le temps. Si nos gouvernements ne profitent pas de cet instant pour soutenir les porteurs de projets africains, dans le futur ce sera trop tard pour notre génération et un jour on se reprochera cette grande erreur et comme conséquence on continuera par dépendre des aides extérieures.
Mots de fin ?
Cela fait déjà plusieurs mois que je vis aux Etats-Unis afin de m’inspirer de leurs technologies et leurs savoirs pour à mon tour, apporter ma contribution au développement du Togo.
Je partage avec vous cette citation de Nelson Mandela (Paix à son âme) qui disait : « Cela parait toujours impossible, jusqu’à ce que ce soit fait. ». En tant que jeunes africains, nous avons pour obligation de développer notre continent. A vrai dire, les choses semblent impossibles à réaliser parce que c’est ce que nous croyons, or la vérité est que tout est possible. Si les autres ont réussi à développer leurs nations pourquoi pas nous ?